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Pour une éducation populaire d'auto - défense et d'auto-détermination


Rapport du Directeur de la revue Lo Flambò / Le Flambeau à l'assemblée du Comité des Traditions Valdôtaines du 26 mars 2017.

Malgré les difficultés rencontrées, la présence de notre revue sur le territoire est quand même un bon signe qui se poursuit depuis 64 années d’effective parution. C’est un effort considérable, si nous pensons qu’elle demeure l’unique revue s’expriment dans nos langues régionales. C’est bien peu de choses pour un pays où il devrait régner le bilinguisme grâce auquel nous avons pu obtenir l’autonomie.

Mais les choses, évidemment, évoluent dans un autre sens. Pour ce qui nous regarde nous faisons le possible de tenir bon quoique nos forces s’affaiblissent toujours de plus, faute peut-être aussi aux évènements sociaux toujours plus portés vers une globalisation sociale et à notre manque de réaction individuelle.

Pour ce fait, le particularisme, qui a engendré les petits peuples comme le nôtre, s’affaiblit inévitablement au détriment de la culture locale et de ses langues. Si elle se fait encore entendre c’est grâce à nos groupes folkloriques, aux compagnies théâtrales, à l’artisanat, dans le monde agricole et à notre petite contribution.

À ce propos, je me permets de faire une réflexion en me rattachant à l’aphorisme du brésilien Paulo Freire dans son rapport : La Pédagogie des opprimés, dans lequel il exprime sa pensée en ces termes : « Personne n’éduque personne, personne ne s’éduque seul, les hommes s’éduquent ensemble par l’intermédiaire du monde ».

Ainsi, il me vient spontané l’idée de percevoir l’éducation populaire comme une pratique d’auto-défense, qui naît d’une volonté et d’une nécessité de freiner en quelque sorte le processus de cette nouvelle société, qui se propose de nourrir les associations culturelles qui luttent pour l’émancipation de l’individu, qui sont contre les risques de la mondialisation.

« L’éducation populaire est une pratique culturelle de résistance », a écrit le pédagogue belge Jean-Pierre Nossent. Nous ajoutons : La culture est un outil de dignité pour les peuples. Notre devise doit être celle de prendre en main collectivement notre éducation, notre histoire, nos valeurs et nos idéaux. Prendre conscience de la place que nous occupons dans la société. Affirmer notre dignité, former notre conscience politique, développer notre esprit critique.

Défendre notre langue et notre histoire, signifie réconcilier revendications culturelles et revendications sociales. Le propre d’une culture minoritaire est d’être fabriquée, embellie et chahutée par un groupe social qui, par son expression culturelle et politique, va à l’encontre de ce que la culture dominante tente de lui imposer : le reniement et l’assimilation.

La société de masse ne peut pas devenir une société cultivée. C’est avant tout une société de consommateur, ce qui « implique la ruine de tout ce à quoi elle touche » en transformant tout objet en bien de consommation défini avant tout par son caractère périssable (usa e getta).

Pour ces raisons, si nous voulons, en tant que Valdôtains, conserver notre identité et tout ce qui a caractérisé la vie de notre petit peuple de montagne, nous devons créer des principes qui nous amènent vers une démarche d’éducation populaire pour prendre conscience des mécanismes, des habitudes, qui nous aliènent et nous empêchent individuellement et collectivement de discuter et de réfléchir sereinement et efficacement.


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